Que faire lorsqu’on ne trouve pas sa place dans la vie

Cet article s’inscrit dans le cadre du carnaval d’articles organisé par Lucie du blog worldtravelheart.com

Ne pas se sentir à sa place est un sentiment difficile : on se sent souvent incompris, inutile, seul (même si nous sommes entourés de gens) et impuissant, car on ne sait justement pas quoi faire pour trouver notre place.

Quelle est notre place dans la vie ou dans la société ? Tout homme se pose un jour cette question, la plupart du temps face à un choix important ou l’incompréhension d’une situation. Ces moments de doute sont une opportunité pour prendre du recul et reconsidérer nos priorités.

Les 4 piliers qui définissent notre place

Que cherchons-nous habituellement à savoir lorsque nous rencontrons une nouvelle personne avec qui nous allons avoir une relation durable (collègues, partenaire, etc.) ? Son nom, d’où elle vient, ce qu’elle aime, ce qui est important pour elle et éventuellement comment elle en est arrivée à croiser votre chemin (ses études et son parcours professionnel) ?

Pour comprendre notre place actuelle dans la vie, c’est exactement la même chose ! Nous nous trouvons à l’intersection de nos choix, de nos actions quotidiennes, du sens que nous donnons à la vie et de nos croyances.

Êtes-vous prêt(e) à faire connaissance avec vous-même ?

1) Le présent : que faites-vous ?

Il n’est pas nécessaire de connaître sa mission de vie pour se situer dans le présent. En prenant une feuille et de quoi écrire, je suis persuadé qu’il est facile pour vous de répondre aux questions suivantes. Faisons le test maintenant :

  • Que faites-vous lorsque vous ne dormez pas ? (Travail, études, activités, etc.)
  • Quelles sont les personnes avec qui vous échangez régulièrement ? (Collègues, amis, etc.)
  • Que lisez-vous, que regardez-vous et qu’écoutez-vous ? (livres, musiques, séries, etc.)
  • Quelle est votre première pensée de la journée ? (Soyez-y attentif demain matin)

Les réponses à ces questions définissent qui nous sommes et notre place actuelle dans la vie. Elles nous donnent aussi une indication de la personne que nous sommes en train de devenir, car le moment présent est le seul instant qui permet d’influencer qui nous serons dans 1 minute, 5 ans et 10 ans.

2) Le passé : que voyez-vous derrière vous ?

Nous prenons chaque jour près de 35’000 décisions1, et notre présent ne fait que refléter la succession de ces choix. Sans poser un jugement positif ou négatif sur son passé, il peut être enrichissant de se retourner et d’observer le chemin parcouru pour y déceler des tendances et des apprentissages. À nouveau, je vous invite à répondre par écrit aux questions suivantes :

  • Comment en êtes-vous arrivé(e) à faire ce que vous faites aujourd’hui ?
  • Quelles sont les grandes étapes de votre vie ?
  • Y a-t-il des moments/événements de votre passé qui vous ont fait perdre la notion du temps ? Si c’est le cas, essayez de fermer les yeux et de revivre ces moments avec une musique qui vous inspire. Visualisez-en les moindres détails (sons, couleurs, odeurs, textures, etc.) et soyez attentif à ce que vous ressentez. Notez ensuite ce qui vous vient spontanément à l’esprit.

Le passé est une bibliothèque importante pour comprendre notre présent. Lié aux trois autres piliers, il peut offrir de précieux éléments pour comprendre ce qui nous nourri profondément ou comment nous en sommes arrivés à vivre une situation dans laquelle on ne se sent pas à sa place.

3) Le futur : qu’est-ce qui est important ?

Il est difficile et selon moi limitant d’anticiper ou prévoir son futur, mais il est essentiel de savoir ce qui est important pour soi. Cela permet d’orienter nos décisions dans le présent et de focaliser notre énergie sur ce qui compte vraiment à nos yeux. Je vous invite donc encore une fois à répondre aux questions suivantes :

  • Quel serait votre principal regret si vous deviez mourir dans 1 heure ?
  • Comment aimeriez-vous que vos proches vous décrivent lors de votre enterrement ?
  • Qu’est-ce que vous aimeriez que les gens retiennent de votre passage sur Terre ?
  • Si vous découvriez une baguette magique à usage unique, que lui demanderiez-vous ?
  • Que feriez-vous si vous aviez 100 milliards sur votre compte en banque ?
  • Quel est le job ou l’activité de vos rêves ? Soyez le plus précis possible, même si vous ignorez encore ce que ce serait (comment seraient les gens avec qui vous travaillez, quelles seraient les valeurs de l’entreprise, etc.).

Si vous n’arrivez pas à répondre à ces questions, ce n’est pas grave. Recommencez demain, après-demain et jusqu’à ce que vous ayez des indices qui raisonnent en vous. Gardez également à l’esprit que ce qui était juste pour vous hier peut évoluer dans le temps.

Il est difficile d’identifier ce qui nous conviendrait si nous ne savons pas ce que nous voudrions vivre. En définissant ce qui est important pour vous, vous identifierez de nouvelles opportunités, attirerez de nouvelles personnes et prendrez des décisions plus en accord avec vous-même.

4) Quelles sont vos croyances ?

Nos pensées et notre perception de la vie sont fortement influencées par les croyances que nous avons intégrées, consciemment ou non. Solomon E. Asch avait déjà observé en 19512 dans le cadre d’une expérience que lorsque la majorité donne une réponse qui est manifestement fausse, les gens se rallient à cette information pourtant erronée. Cela montre la difficulté que nous avons à trancher entre nos propres perceptions et le choix des groupes dans lesquels nous sommes et avons été inscrits.

Bien souvent, lorsque nous sommes certains à 100 % de quelque chose de normatif, il s’agit d’une croyance qui se manifeste. En voici quelques exemples :

  • Je suis comme je suis
  • Il faut travailler dur pour réussir
  • Je ne mérite pas plus qu’un autre de réussir
  • Les hommes préfèrent les blondes
  • Cette femme/homme est trop bien pour moi
  • C’est impossible
  • Les hommes ont toujours fait la guerre. Ce n’est pas aujourd’hui que cela va changer
  • Que puis-je y faire ?
  • Il/elle a eu de la chance, ça a cartonné pour lui/elle !
  • Je n’ai pas le droit à l’erreur
  • Je n’y arriverai jamais
  • L’humanité est le cancer de cette planète
  • Ma vie, c’est…
  • Le travail, c’est…
  • Les riches sont…
  • Ces types sont tous des…

Toutes ces croyances sont là pour nous éviter de souffrir, mais elle nous empêche souvent de réaliser notre potentiel et nos rêves. La bonne nouvelle, c’est qu’il existe aussi des croyances ressources (« dans le passé, j’ai toujours trouvé le moyen de m’en sortir, et je sais que je trouverai une solution à mon problème ») et qu’il est possible de faire évoluer ses croyances.

Lorsque nous identifions une certitude liée à une croyance, il peut ainsi être intéressant de se demander intérieurement si nous sommes absolument sûrs à 200 % de ce que nous affirmons. Par exemple, si vous vous dites que vous n’arriverez jamais à être riche en partant de rien…

  • êtes-vous sûr à 200 % que c’est impossible ?
  • connaissez-vous une personne qui était dans la même situation et qui y est parvenue ?
  • que risquez-vous si vous essayez vraiment ?
  • que se passera-t-il si vous n’essayez pas ?

Il est fondamental de prendre conscience que rien n’est juste ou faux, et que beaucoup de vérités auxquelles nous tenons dépendent avant tout de notre point de vue, et de celui de la société dans laquelle nous nous inscrivons. À partir du moment que nous prenons conscience que nos peurs sont associées à des croyances, il est possible de percevoir de nouvelles opportunités dans sa vie et de prendre de nouveaux choix qui raisonnent plus avec qui nous sommes et ce qui est vraiment important pour nous.

Cet extrait de l’épisode 6 de la saga Star Wars illustre bien le poids de notre point de vue.

Trouver sa place en soi, et le reste viendra

J’ai passé la majorité de ma jeunesse à chercher ma place pour réaliser récemment que le plus important n’est pas de trouver sa voie, mais de se trouver soi-même. C’est lorsque j’ai cessé de chercher à l’extérieur ma place que j’ai commencé à explorer en moi ce qui me touchait et m’inspirait. Peu à peu, j’ai cessé de vouloir concilier les intérêts des autres pour affirmer et partager progressivement mes pensées, mes croyances et ce que je désire vraiment.

Que vous soyez nettoyeur, CEO d’une multinationale ou encore femme au foyer, vous pouvez dès maintenant commencer à exprimer qui vous êtes dans chacun de vos mots et chacune de vos actions.

En oubliant cette quête de ma place dans le monde, j’ai attiré de nouvelles personnes et des opportunités professionnelles en accord avec mes valeurs et à l’échelle de la clarté avec laquelle je définissais ce que j’avais vraiment envie de vivre, être et avoir. J’ai aussi progressivement eu la force et le soutien de certaines personnes pour sortir de ma zone de confort et commencer à faire des choses dont je ne me serais jamais senti capable.

Si vous ne deviez retenir que quelques mots de tout cela, je vous invite vraiment à…

  • Être pleinement qui vous êtes. De rester centré avec ce que vous ressentez. C’est l’essentiel.
  • Être attentif. Oser sortir de votre zone de confort tout en mesurant les risques.
  • Suivre votre intuition. Savourer le chemin et célébrer la destination.
  • Penser, partager et exprimer publiquement ce que vous aimez et ce qui est important pour vous.

Quel que soit le temps que cela nécessitera, vous finirez immanquablement par observer que des personnes et des opportunités viennent presque naturellement à vous, au bon moment et au bon endroit.

Que faire si tout cela ne vous parle pas ?

Si j’avais lu cela il y a 5 ou 10 ans, cela ne m’aurait peut-être pas du tout parlé. Je comprends.

D’un autre côté, je sais comme il peut être douloureux et difficile de ne pas se sentir à sa place. Seul. C’est pourquoi je vous invite vraiment à considérer que l’essentiel n’est pas l’activité, le travail ou les études que vous faites en ce moment, mais qui vous êtes et ce qui est important pour vous.

Si vous êtes déçu et que vous recherchiez une réponse précise à cette question, en voici une proposition que je vous laisse adapter ou rejeter selon votre ressenti :

  • Observer et penser – Notre première mission est d’être dans un état constructif et de joie, et d’avoir de la gratitude pour tout ce que nous avons (la santé, la nature qui nous entoure, nos proches, la nourriture, etc.). Face à un problème : « en quoi est-ce que ce problème est une opportunité ? ».
  • Partager – Notre deuxième mission est d’apporter de la valeur au monde, d’aider les autres à atteindre cet état. Paradoxalement, cela nous aide à évoluer et grandir encore davantage.
  • Construire – Notre troisième mission est de construire pour aider les autres à évoluer.

Pour identifier la forme de ce chemin (comment partager et quoi construire), voici quelques pistes :

  • Que faites-vous quand vous ne voyez pas le temps passer ?
  • Qu’est-ce que vous apportez facilement aux autres et avec plaisir ?
  • Pour quelles raisons est-ce que les gens viennent naturellement à vous ?

Pour conclure, je pense qu’il est important de se remémorer régulièrement que…

  • nous sommes importants
  • nous pouvons faire une différence par rapport à ce qui nous touche là où nous sommes (tout le monde peut aujourd’hui inspirer des millions de personnes grâce à un simple blog)
  • Il est primordial de croire en soi et en nos rêves (personne ne croyait en Michael Jordan, Georges Lucas ou encore Walt Disney à leurs débuts)

Nous sommes là où nous sommes et depuis cet endroit précis, nous avons un rôle à jouer et la possibilité de vivre ce qui est important pour nous.

Le futur est incertain, mais il y a deux choses qui sont absolument certaines : nous allons mourir un jour, et nous sommes en vie en ce moment. Avant de mourir, les gens ne regrettent pas ce qu’ils ont fait, mais ce qu’ils n’ont pas fait.

Conclusion : l’histoire de l’avion

Quelque part au-dessus de l'Asie

En guise de conclusion, voici un texte dont la base a été écrite en janvier 2014 alors que je me posais la question en titre de cet article. Je ne réalisais alors pas encore consciemment l’importance d’exprimer qui nous sommes vraiment…

***

Imaginez que vous êtes un avion sur une piste de décollage. (Je sais, ça peut paraître bizarre.)
Imaginez vraiment que vous êtes un avion flamboyant neuf sur le point de décoller. (Si nécessaire, fermez les yeux et visualisez vraiment la scène avant de poursuivre.) Vous êtes à la fois l’avion et le pilote, comme si le pilote ne faisait qu’un avec l’avion.

Je vrombis, mes moteurs sifflent, et la piste de décollage me fait peur. Je me demande si je vais pouvoir décoller, car je me sens très lourd. Je pèse des tonnes.

Comme si le pilote lisait mes pensées, il me dit avec un sourire rempli d’empathie :

– Bien sûr que tu vas décoller. Tu es conçu exactement pour faire cela à ce moment. La seule question à te poser n’est pas « peux-tu voler ? » mais « le veux-tu vraiment  ?». Car une fois que tu pousses les gaz à fond et que tu vires les minuscules blocs qui retiennent tes roues, ça va t’accrocher au siège ! C’est hallucinant tu verras.

Et le pilote s’étouffa dans un rire de joie.

Avant de lui répondre, j’attendis quelques secondes qui me semblèrent une éternité. Je le regardais et attendais que son regard croise à nouveau le mien :

– Et ensuite, qu’est-ce que je fais une fois que j’ai décollé ?

Lens, c’est la bonne question, car lorsque tu auras le courage de pousser la manette à fond, tu seras très vite en l’air. Tu devras choisir un cap, une destination, un but ou quelque chose qui y ressemble. Et la vérité, c’est que c’est probablement cela qui t’effraie le plus.

– Oui, j’ai peur de me tromper de destination. De ne pas trouver d’aéroport pour atterrir.

– Tu n’es pas seul. Je suis à tes côtés. Quand tu verras la Terre du ciel, tu sauras ce que tu dois faire. Pour le moment, le plus important est de décoller.

Et, reprenant son sourire là où il l’avait laissé auparavant, le pilote ajouta encore :

– Tu sais, il n’y a pas besoin d’un aéroport pour atterrir. Il existe tellement de façon de tomber et de reprendre de l’altitude. Ah et en fait, je m’appelle Koran.

Et après quelques secondes, Koran ajouta d’un ton grave :

– Lens, maintenant, si tu as envie de voir à quoi ressemble la vie vue du ciel, pousse la manette. Maintenant. Ne réfléchis pas.

– Sans vraiment comprendre ce que je faisais, ma main descendit et enfonça la manette. À fond. C’était un moment délirant. L’avion ne semblait faire qu’un avec moi. J’étais l’avion. Et, levant les mains pour montrer à Koran que je l’avais fait, je fis sans m’en rendre compte le signal pour virer les blocs qui retenaient le train atterrissage.

Et comme l’avion était conçu pour, il fit un énorme bond en avant en prenant de la vitesse. Tout s’accélérait, le paysage s’avançait contre moi à une allure incroyable. C’était à la fois effrayant et enivrant. Et, comme je l’avais fait des centaines de fois en simulation, j’appuyais un tout petit peu sur le manche à balai, ne croyant pas encore que cela serait suffisant pour incliner le nez de mon oiseau vers l’espace. Pourtant, l’impensable se produisit.

Le frottement des roues s’estompa et le calme revint, comme me l’avait promis Koran qui avait les yeux fermés. Il jouissait de ce moment qu’il aimait tant. Il ne rouvrit les yeux que lorsque l’avion émergea au-dessus des nuages qui dansaient dans la lumière dorée du coucher du soleil. En me montrant un rayon qui perçait un nuage, Koran me dit :

– Lens, où vas-tu maintenant ?

Et je me souvins encore comme si c’était hier de ce que je lui répondis :

– Cela n’a plus d’importance. Pour le moment.

Et mon visage dessina un spasme qui devint très rapidement un sourire comme je n’en avais jamais eu. C’était donc cela que voulait dire « lâcher-prise ». Je n’avais plus peur d’être qui j’étais.

Et vous ?

Dites-moi dans les commentaires…

  • ce que vous avez ressenti en lisant ce texte,
  • ce qui est vraiment important pour vous,
  • ce que vous allez-vous faire ou ajuster dans votre vie.

Merci de m’avoir lu jusqu’au bout. Partagez cet article si vous pensez qu’il peut apporter de la valeur à d’autres personnes.

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2 ASCH, Solomon E. [1951], « Influence interpersonnelle. Les effets de la pression de groupe sur la modification et la distorsion des jugements », in C. Faucheux & S. Moscovici, Psychologie sociale théorique et expérimentale, Paris, Mouton, 1971. (Version française de l’article paru in H. Guetzkow (ed.), Groups, leadership and men, Pittsburgh, Carnegie Press, pp. 177-190).

2 mai 2018

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